Le Cameroun doit mettre un terme à l'escalade des actes d'intimidation et d'agression à l'encontre des défenseurs et défenseuses des droits humains afin que ceux-ci puissent poursuivre leur travail et que les ONG puissent opérer en toute sécurité, ont déclaré aujourd'hui des experts* des droits humains de l'ONU.
GENÈVE (28 avril 2020) – Le Cameroun doit mettre un terme à l'escalade des actes d'intimidation et d'agression à l'encontre des défenseurs et défenseuses des droits humains afin que ceux-ci puissent poursuivre leur travail et que les ONG puissent opérer en toute sécurité, ont déclaré aujourd'hui des experts* des droits humains de l'ONU.
« Le gouvernement doit condamner fermement tout acte d'intimidation, menace et propos diffamatoire à l'encontre des défenseurs et défenseuses des droits humains, y compris lorsqu'ils proviennent de personnalités publiques », a déclaré le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, Michel Forst.
La coalition des défenseurs des droits humains REDHAC (Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale) a subi des dommages importants à son siège à Douala suite à un incendie en janvier qui s'est produit dans des circonstances qui restent à éclaircir et durant lequel ses archives ont été détruites.
« Cet incident doit faire l'objet d'une enquête rapide et approfondie, et si une intention malveillante est établie, les responsables doivent être confrontés à la pleine force de la loi », ont averti les experts.
La Directrice exécutive de l'ONG, Maximilienne Ngo Mbe, a été violemment agressée sous la menace d'une arme à feu en août 2019. Elle est la cible de menaces et d'agressions depuis plusieurs années en raison de son travail. Un autre membre de la REDHAC, Franklin Mowha, est porté disparu depuis le mois d'août 2018, alors qu'il entreprenait une mission visant à documenter des cas de violations des droits humains dans l'une des régions anglophones.
« Ces attaques contre les défenseurs et défenseuses des droits humains se sont intensifiées ces dernières années, en particulier depuis le début de la crise sociopolitique dans les régions anglophones, qui a entrainé de graves violations des droits humains. Les femmes qui défendent les droits humains font face à des menaces particulières et sont exposées à des risques spécifiques », ont déclaré les experts.
« Le gouvernement ne devrait pas avoir peur des voix critiques et devrait plutôt accepter que ces voix fassent partie intégrante d'une société civile forte et indépendante. »
Les experts de l'ONU ont exhorté le gouvernement camerounais à reconnaître publiquement l'importance du travail des défenseurs des droits humains et à veiller à ce que ceux qui tentent de les empêcher de mener leurs activités soient traduits en justice. « Leur travail est plus essentiel que jamais dans le contexte actuel de graves violations dans plusieurs régions du pays, y compris dans les régions anglophones. »
Les experts ont noté avec inquiétude que les propos menaçants ou diffamatoires et les attaques violentes contre les défenseurs et défenseuses des droits humains se multipliaient et ont rappelé aux autorités camerounaises les dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'homme de 1998. Ils sont en contact avec le gouvernement à ce sujet.