Le CNUDHD-AC s'est joint à l'UNESCO et au Ministère de la Communication pour célébrer la 30e édition de la Journée mondiale de la liberté de la presse à Yaoundé, sous la présidence du Ministre René Emmanuel Sadi.
Le Ministre camerounais de la Communication, René Emmanuel Sadi, a présidé la célébration de la 30e Journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai 2023 au Palais des congrès de Yaoundé, en présence du Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies au Cameroun, Matthias Z. Naab et du Directeur régional de l’UNESCO pour l’Afrique Centrale, Paul Coustère. Le Centre des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique Centrale (CNUDHD-AC) y était représenté par Abdoulaye Traoré, Conseiller régional en Démocratie.
Deux articulations ont meublé les travaux. La première, un panel de discussion sur le thème de l’année : « Façonner un avenir des droits La liberté d’expression, clé de voûte des droits humains ». Thème qui a permis à l’Ong 1 Monde Avenir d’intervenir « Pour un cadre normatif améliorer en faveur de l’accès à l’information et de la liberté de la presse ». Le Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC) a exposé sur « Comment relever les défis de la sécurité physique et de la protection sociale des journalistes au Cameroun » tandis que le Réseau des Patrons de presse du Cameroun (REPAC) a partagé sa réflexion sur « Quel modèle économique pour les entreprises de presse camerounaises ? ».
Quant à la deuxième articulation, « Les universités de la presse sur la Liberté d’expression, l’insécurité des journalistes et des populations », elle a été animée par Yannick Ebosse, Journaliste – Défenseur des droits humains sur « Instruments de protection des journalistes et de garantie des droits des citoyens », Jean Vincent Tchienehom, Journaliste-Consultant sur « Enjeu de la protection des journalistes dans un contexte de démocratie » et Yves Mbendè, Universitaire, Liberté d’expression comme gage de paix et de prévention des crises ». Quant à la leçon inaugurale, elle a été faite par Baba Wame, Journaliste et Universitaire.
Le 3 mai a été proclamé Journée mondiale de la liberté de la presse par l'Assemblée générale des Nations Unies en 1993, à la suite de la recommandation adoptée lors de la vingt-sixième session de la Conférence générale de l'UNESCO en 1991. Ce fut également une réponse à l'appel de journalistes africains qui, en 1991, ont proclamé la Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l'indépendance des médias. Trois décennies plus tard, le lien historique établi entre la liberté de rechercher, de communiquer et de recevoir des informations et le bien public reste aussi pertinent qu'il l'était au moment de sa signature.
Le 3 mai rappelle aux gouvernements la nécessité de respecter leur engagement en faveur de la liberté de la presse. C'est aussi une journée de réflexion entre professionnels des médias sur les questions de liberté de la presse et d'éthique professionnelle. Par ailleurs, c'est l'occasion de célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse, d'évaluer la liberté de la presse à travers le monde, de défendre l'indépendance des médias et de rendre hommage aux journalistes qui ont perdu leur vie dans l'exercice de leur profession.
Contexte camerounais préoccupant
Au Cameroun, la pluralité des médias est désormais un fait, et les médias indépendants prolifèrent facilités en cela par l’essor des technologies numériques qui en plus servent de catalyseur à la libre circulation de l’information en ligne. Cependant, le contexte mondial marqué par
La célébration cette année, du 30e anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse coïncide avec le 75e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’Homme. Elle doit être l’occasion de souligner l'importance de la liberté d'expression dans le cadre de l’agenda global des droits de l’Homme, un appel à définir la liberté de la presse, ainsi que des médias indépendants, pluralistes et diversifiés, comme une condition nécessaire à la jouissance de tous les autres droits de l’Homme, de mettre en lumière le lien entre la liberté de la presse, la liberté d’expression et d’autres droits. C’est la raison pour laquelle le Journée mondiale de la liberté de la presse 2023 se célèbre sous le thème : « Façonner un avenir des droits La liberté d’expression, clé de voûte des droits humains ».
Au Cameroun, la loi sur la communication sociale qui encadre la liberté de la presse a été adoptée en 1990. Elle a été suivie par d’autres dispositions légales qui ont favorisé le pluralisme médiatique avec une floraison de médias privés. Des projets d’appui au développement local à travers les radios communautaires financés par l’Etat ont permis la création de médias communautaires dans plus de 40 localités sur l’ensemble du pays dans le but de renforcer l’accès des populations à l’information, et de les doter de plus de moyens de participer au développement. Mais le Cameroun n’échappe pas aux éléments de contexte global qui affecte le secteur des médias et par conséquent la liberté de la presse. Savoir, diverses crises d’ordre sécuritaire, sanitaire, environnementale, par des inégalités socio-économiques persistantes à l’origine des migrations favorisent des phénomènes tels que la polarisation du discours politique et sociétal ; l’érosion de la confiance ; la récurrence des mesures telles que l’imposition de l’état d’urgence et la fermeture d’Internet, la répression des voix critiques et des médias indépendants, les attaques de divers ordres contre les journalistes et les médias. Face à la montée fulgurante de la désinformation et la mésinformation en ligne et hors ligne, la lutte contre les discours haineux et les préjudices en ligne prend des formes qui ne respectent pas toujours les normes internationales. Les modèles économiques des médias traditionnels s’effondrent entrainant la désertification de l’information. Autant de menaces contemporaines sur la liberté la liberté d’expression, la liberté des médias, la sécurité des journalistes qui entraînent des graves répercussions sur les institutions qui sous-tendent la démocratie, l’État de droit et sur la défense d’autres droits de l’Homme.
En effet, les crises, sociales, politiques, sanitaires et sécuritaires qu’a connu le pays depuis les années 90, la conjoncture économique, les avancées en TIC, le phénomène des fake news et des discours de haine en ligne et hors ligne, les menaces à l’unité nationale entre autres défis n’ont pas épargné la liberté de la presse au Cameroun. La liberté des médias est régulièrement remise en question et pour cause on la dit sous influences de divers ordres, politique, financière principalement. Les journalistes et les médias connaissent une perte progressive et considérable de crédibilité auprès de l’opinion publique, et dans le même temps, les attaques contre les journalistes prennent de l’ampleur.