La décision du Cameroun de reconnaître publiquement que des militaires ont été impliqués dans la mort d’au moins 13 personnes dans un village de la région nord-ouest du pays en février est une étape positive, a déclaré mercredi la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Michelle Bachelet.
GENÈVE (22 avril 2020) – La décision du Cameroun de reconnaître publiquement que des militaires ont été impliqués dans la mort d’au moins 13 personnes dans un village de la région nord-ouest du pays en février est une étape positive, a déclaré mercredi la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Michelle Bachelet.
« Je salue la décision du Gouvernement de créer une commission nationale d’enquête composée de militaires pour faire la lumière sur ces meurtres. Je me félicite du fait que la commission créée sous l'autorité du ministère de la Défense ait travaillé avec la participation de représentants de la société civile, de chefs religieux et du président de l’institution nationale des droits de l’homme. Il est désormais essentiel que tous les responsables de la mort des habitants du village de Ngarbuh soient tenus pleinement responsables dans la cadre d’un processus judiciaire équitable et transparent », a déclaré Mme Bachelet.
Selon une déclaration présidentielle, la commission nationale a montré que deux soldats et un gendarme, aidés de dix membres d’un groupe d’autodéfense, ont envahi le village de Ngarbuh abattant cinq membres d’un groupe séparatiste armé. Selon la déclaration, lorsque les militaires ont découvert qu’ils avaient également tué trois femmes et dix enfants à la suite de cette opération, ils ont paniqué et brûlé plusieurs maisons pour tenter de dissimuler leurs actes.
Les autorités camerounaises ont déclaré que des poursuites judiciaires étaient lancées contre les trois militaires et qu’elles continuaient à rechercher les membres du groupe d’autodéfense.
Des centaines de milliers de personnes ont été déplacées au cours des dernières années en raison des affrontements entre les forces de sécurité et de défense et les groupes séparatistes armés dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun.
« Comme nous l’avions demandé en février lorsque cet incident tragique a été révélé, j’appelle le Gouvernement à veiller à ce que les forces de sécurité respectent les normes du droit international applicables au cours de leurs opérations. Toute allégation de violation et d'atteinte aux droits de l'homme doit faire l'objet d'une enquête rapide et des mesures doivent être prises pour lutter contre l'impunité et empêcher que cela ne se reproduise. Je rappelle également aux groupes séparatistes armés leurs responsabilités en vertu du droit international et appelle toutes les parties à s’abstenir de toute attaque délibérée de civils », a déclaré la Haute-Commissaire.
« Mon bureau est prêt à soutenir les efforts visant à protéger les droits de l’homme de l’ensemble de la population camerounaise. J’exhorte le Gouvernement à renforcer la coopération avec mon Bureau et le système des Nations Unies à cet égard », a souligné Mme Bachelet.