Plus de 116 veuves, d'orphelins et de femmes qui ont été séparées de leur mari ont trouvé refuge dans le camp de réfugiés de Balukhali, au Bangladesh.
Plus de 116 veuves, d'orphelins et de femmes qui ont été séparées de leur mari ont trouvé refuge dans le camp de réfugiés de Balukhali, au Bangladesh. Les hommes ou les garçons âgés de plus de 10 ans ne sont pas autorisés dans ce lieu.
Des femmes invisibles, aux problèmes invisibles
La perte d'un conjoint est un événement dévastateur. Pour de nombreuses femmes dans le monde, en particulier dans les pays en développement, cette perte est amplifiée par un combat de longue haleine pour subvenir à leurs besoins fondamentaux, pour faire respecter leurs droits humains et leur dignité.
La pandémie de COVID-19 est venue aggraver la situation au cours des derniers mois, entraînant avec elle de nombreux décès, et faisant de nouvelles veuves, au moment même où ces femmes risquent d’être privées d'un important soutien socio-économique et familial. L'expérience de pandémies précédentes comme, par exemple, le VIH/sida ou Ebola montre que les veuves se voient souvent refuser leurs droits de succession, se voient confisquer leurs biens après la mort de leur conjoint et peuvent faire face à une stigmatisation et à des actes de discrimination sans précédent car elles sont taxées d’être, à leur tour, « porteuses » de la maladie.
À l'échelle mondiale, les femmes ont moins de chances d'avoir accès à des pensions de vieillesse par rapport aux hommes, de sorte que le décès d'un conjoint peut entraîner le dénuement des femmes âgées. Dans le contexte des mesures de confinement et de fermetures économiques, les veuves peuvent ne pas avoir accès aux comptes bancaires et aux retraites pour payer les soins de santé si elles tombent malades ou pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants. Les familles monoparentales et les femmes âgées célibataires étant déjà particulièrement vulnérables à la pauvreté, c'est une question qui nécessite d'urgence toute notre attention. Bien que les données restent limitées, on estime qu'il y a environ 258 millions de veuves dans le monde; une sur dix vit dans une pauvreté extrême.
L’absence de données solides et fiables reste l’un des principaux obstacles à l’élaboration de politiques et de programmes d’élimination de la pauvreté, de la violence et de la discrimination dont sont victimes les veuves. Plus de recherches et de statistiques ventilées par statut matrimonial, sexe et âge sont nécessaires pour mieux évaluer l’incidence de leur maltraitance.
Améliorer la situation des veuves
Afin de porter l’attention de la communauté internationale sur la marginalisation des veuves et ses enjeux, l'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 23 juin Journée internationale des veuves, à travers l’adoption de sa résolution A/RES/65/189 du 21 décembre 2010.
Aujourd'hui plus que jamais, cette journée est l'occasion d'agir et de faire en sorte que les droits et la situation des veuves soient reconnus. Il s'agit notamment de leur fournir des informations sur l'accès à une part équitable de leur patrimoine, de leurs terres et de leurs ressources productives; une pension et une protection sociale qui ne sont pas basées uniquement sur l'état matrimonial; un travail décent et un salaire égal; ainsi que des possibilités d'éducation et de formation. Donner aux veuves les moyens de subvenir à leurs propres besoins et à ceux de leur famille permet de lutter contre la stigmatisation sociale, qui provoque l'exclusion et des pratiques discriminatoires ou préjudiciables.
Au niveau du droit international, les droits des veuves sont indirectement garantis par la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et la Convention relative aux droits de l’enfant. Lorsqu’une législation nationale spécifique existe pour protéger leurs droits, la faiblesse du système judiciaire de nombreux États compromet la manière dont ils sont défendus en pratique. Il arrive que la discrimination de la part même des spécialistes des questions judiciaires décourage les veuves, qui abandonnent le recours à la justice pour obtenir réparation.
Pour faire face à ces violations, des programmes et des politiques d’élimination de la violence à l’égard des veuves et de leurs enfants doivent être mis en place, ainsi que l’offre d’un soutien supplémentaire – tel un soutien financier. Celui-ci permettrait notamment aux enfants de continuer leur éducation, brisant ainsi le cycle intergénérationnel de la pauvreté. L’autonomisation des veuves, grâce à un accès aux soins de santé, à l’éducation, à un emploi décent et à la prise de décision au sein de la société leur permettrait de vivre à l’abri du besoin. L’amélioration de leur condition entraînerait finalement une réduction des inégalités et de la pauvreté, accélérant la mise en œuvre des objectifs de développement durable.
Dans les situations post-conflit, les veuves devraient être invitées à participer pleinement aux processus de consolidation de la paix et de réconciliation afin de s'assurer qu'elles puissent contribuer à une paix et une sécurité durables. Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, les veuves ne doivent pas être exclues de notre travail qui visera à « reconstruire en mieux ». Faisons en sorte que notre relèvement donne la priorité à leurs besoins uniques et aide les sociétés à être plus inclusives, résilientes et égales pour tous !