Le CNUDHD-AC a organisé une journée de réflexion et d'échanges dans le cadre de la célébration couplée de la Journée internationale de la démocratie (15 septembre) et de la Journée internationale de la paix (21 septembre).
La double commémoration est organisée sur le thème «Renforcement des moyens d’action de la prochaine génération: La jeunesse au confluent de la paix et de la démocratie en Afrique centrale ». L'événement a regroupé les Institutions publiques nationales, les organisations de la jeunesse, les personnes ressources de l'UA/CEEAC, les universitaires, les membres du Forum de la démocratie, les membres du MNDE, le MINJEC, le MINAS, le MINAT et ELECAM. L’objectif général de cette Journée était, à travers une mobilisations multi-acteurs, d’introduire des discussions transversales sur le rôle de la jeunesse dans l’influence des espaces civiques et la paix, permettant de formuler des recommandations à partir des actualités relatives à l’Etat de droit en Afrique Centrale.
La démocratie est un substantif à la paix. L'Objectif de Développement Durable (ODD) 16 le souligne : « Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et inclusives aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous ». Par ailleurs, les Aspirations 332 et 443 de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine indiquent : « Une Afrique où bonne gouvernance, démocratie, respect des droits de l’homme, justice et état de droit sont à l’ordre du jour » et « Une Afrique vivant dans la paix et dans la sécurité ». Ces deux références renseignent sur l’actualité qu’occupent les questions de paix, de sécurité et de bonne gouvernance dans les agendas stratégiques des Etats, de même que les actions en faveur de l’inclusion de toutes les catégories d’acteurs à la prise de décision.
Nouhoum Sangaré, Directeur du CNUDHD-AC
Le caractère exponentiel et la répétition des dérives à la démocratie au sein des espaces civiques donnent notamment à croire que de sérieuses réformes sont nécessaires pour préserver les acquis de l’Etat de droit un peu partout dans le monde. Pour ce faire, les instruments juridiques relatifs aux droits de l’homme et à la démocratie doivent se combiner à l’implication des générations futures aux enjeux de développement au sein des Etats. Celles-ci représentent en effet un facteur d’influence de premier plan, tenant au fait qu’il y a environ 1,8 milliard de personnes âgées de 10 à 24 ans dans le monde aujourd’hui, soit la plus importante génération de jeunes de l’histoire. Ils représentent ainsi une grande partie de la population dont le nombre augmente depuis 2015, avec environ 1,9 milliard de jeunes qui devraient avoir 15 ans d’ici 2030.
En insistant sur « le rôle essentiel joué par les enfants et les jeunes dans la sauvegarde de la démocratie aujourd'hui et demain », le thème de la Journée internationale de la démocratie de cette année met en évidence la nécessité de « ne laisser personne pour compte ». A juste titre, car les instabilités constitutionnelles au sein des Etats en Afrique impactent significativement la mise en œuvre globale des droits de l’homme et la démocratie. C’est d’ailleurs cette réalité constante qui a justifié l’interpellation du Secrétaire général l’ONU à l’adresse de « tous les pays à agir rapidement pour établir des institutions démocratiques crédibles et l’État de droit ».
Par ailleurs, la jeunesse en Afrique constitue un impératif démographique pour la paix et la sécurité. Dans un récent rapport, le Programme des Nations Unies pour le Développement renseigne qu’en 2019, environ 230 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans vivaient en Afrique, ce qui représentait environ 19% de la population mondiale des jeunes. De surcroît, d’ici 2030, ce nombre devrait augmenter de 42% au maximum. Par conséquent, cette couche sociale influencera à n’en point douter les trajectoires démocratiques et sécuritaires des Etats, dans des contextes marqués par l’influence de la désinformation, la montée fulgurante des discours de haine et d’incitation à la violence, de l’augmentation des inégalités sociales et des conflits qui sont quelques-uns des sujets qui « empoisonnent le débat public, créent des clivages dans nos sociétés et érodent la confiance à l’égard des institutions ».
Au centre des vulnérabilités que provoquent ces phénomènes, l’enfance et la jeunesse demeurent fortement impactées. En effet, elles subissent les conséquences en découlant, et représentent aussi des leviers de renforcement de la démocratie pour la paix. A l’observation, les jeunes contribuent à la résilience des communautés et cela devrait l’être plus encore dans des contextes de revendication du changement pour une meilleure représentativité institutionnelle et l’amélioration des droits économiques et sociaux, facteurs de réduction des risques d’altération des espaces civiques et de trouble à la paix. Ainsi, dans la dynamique d’inclusion qui s’impose à l’Etat de droit, doter la jeunesse et l’enfance des voies et moyens d’expression et d’épanouissement, constitue par conséquent une opportunité pour la démocratie et la paix.
L'événement s'est achevé sur un sentiment de satisfaction, notamment au sujet du plaidoyer pour la reconnaissance de la jeunesse et l’enfance comme une solution à la préservation de la paix et la garantie de la démocratie au vu des défis qui s’imposent à l’espace civique des Etats de la sous-région.